Je n’ai jamais vu le bas de son visage.

Publié le 16/04/2023
Tags: #gay #domination #soumission #cuir #fétichisme #sexe entre hommes #consensuel #anal
Longueur : 2425 mots.

Je le croisai pour la première fois au cours d'une manifestation. Dans la rue, en plein hiver. Une écharpe couvrait la moitié basse de son visage, de son nez à son cou. Un bonnet couvrait ses cheveux et ses oreilles. Ses yeux châtain, rehaussés de longs cils, étaient magnifiques. Suffisamment beaux pour attirer mon regard. Suffisamment énervés pour comprendre sa présence.

La deuxième fois, au cours d'un meeting syndical, quelques semaines plus tard. Nous étions au chaud dans une salle prêtée par la commune, mais il portait un masque ffp2. À cette occasion, je découvris ses cheveux, juste assez longs et fins pour être coiffés avec une fausse négligence, comme s'il était sorti de la douche cinq minutes auparavant. Deux fins anneaux en metal perçaient le haut de son oreille gauche. À nouveau, il jetait son regard énervé à travers ses cils, cette fois vers l'estrade où les célébrités parlaient.

La fois suivante, je l'aperçus sur le char d'une association pendant la Marche des Fiertés. La chaleur estivale lui permettait de porter un t-shirt vert sans manche et un pantalon léger couleur crème. Et un masque en tissu au motif d'un drapeau de la communauté, couvrant encore une fois son visage, d'une oreille à l'autre et du nez au menton inclus. Il brandissait un drapeau et le faisait tourner autour de lui. Vu comment les muscles de ses épaules et de ses bras jouaient sous sa peau légèrement bronzée, le drapeau devait peser un poids certain. Il regardait ce drapeau avec tellement d'énervement qu'on l'imaginait le jeter à n'importe quel moment.

La quatrième fois, en boite de nuit. Presque tout son corps était dévoilé. Il portait un mini short sanglé à la ceinture et à chaque cuisse, un harnais autour de son torse et une muselière autour de sa tête. Le tout en cuir noir. Le tout verrouillé à plusieurs endroits par une armée de cadenas. Il dansait sur la piste, entouré mais solitaire, et exhibait un corps fin et bien dessiné. On pouvait voir des tatouages sur diverses parties de son corps. En particulier un dragon faisant plusieurs fois le tour de son torse, tête sur son pectoral gauche, cou passant sur son épaule, ailes dans son dos, queue disparaissant sous son short au niveau de l'aine. Un bien bel ouvrage. Et quand il levait les yeux, ceux qui croisaient son regard énervé s'éloignaient de lui.

Je ne comptais pas faire cette erreur.

Il m'excitait depuis notre première rencontre. Chaque fois, je découvrais un peu plus de son corps. Et chaque fois je voulais encore plus posséder ce corps, ne serait-ce qu'une seule nuit.

Je m'approchai, fendant la foule. Des corps et des mains me frôlaient, sans m'arrêter. Il vit d'abord mes pieds arriver devant lui. Il leva le regard lentement, m'observant. Lorsque nos regards se croisèrent, je ne dis rien et me mis à danser avec lui. Il ne me rejeta d'aucune manière. Regards toujours fixés l'un sur l'autre, nous dansâmes ensemble pendant un moment. Au bout d'un moment, il ferma les paupières, repartant dans une sorte de transe musicale. À partir de cet instant, je me déplaçai lentement autour de lui, pour finir par danser contre son dos, frôlant ses fesses de mon entrejambe. Le message pouvait difficilement être plus clair. Sa réponse n'était pas plus équivoque. Ses mouvements de bassin se firent plus prononcés, surtout en ma direction. Je posai mes mains sur ses hanches et il répondit en les prenant avec les siennes, croisant ses bras devant lui. Je posai ma tête sur son épaule, recouvrant le cou de son dragon. Son harnais pressait contre mes pectoraux. Il pencha la tête en arrière pour poser sa nuque sur mon épaule, exposant la partie de son cou qui n'était pas recouverte, rendant sa gorge vulnérable. Les sangles et cadenas à l'arrière de sa muselière appuyait sur ma peau. Mon objectif annoncé, je le fis tourner sur lui même pour nous retrouver face à face. Toujours ce regard empli de colère. Mais apparemment pas contre moi. Je lui avais laissé assez d'opportunités de me rejeter. Mains sur ses hanches, je tirai pour faire entrer en contact nos entrejambes. Je sentais du volume dans son short, mais l'épaisseur du cuir m'empêchait d'en savoir davantage. Le coton de mon jean, plus fin, montrait beaucoup avec plus de clarté ce que je proposais et ce qui l'attendait. Pendant quelques instants, nous nous frottâmes, en rythme avec la musique qui nous entourait. Puis, attrapant d'un doigt l'anneau sanglé à sa gorge, je tirai dessus pour approcher son visage du mien. Toujours les yeux dans les yeux, je posai mes levres sur le panneau de cuir recouvrant les siennes et appuyai. Il écarquilla les yeux de surprise puis prit une initiative et ma tête dans ses mains. Il nous rapprocha encore. Si nous n'étions pas séparés par une épaisseur de cuir, nos lèvres seraient en train de s'écraser les unes contre les autres et nos langues se mélangeraient. Pendant ce temps, mes mains glissaient le long de son dos, arrivant jusqu'à la ceinture. Je tentais de les glisser sous son short, sans succès. La ceinture était trop serrée. Il mit fin au "baiser" et recula la tête. Son regard avait changé : il pétillait. En balancement, il appuya une dernière fois son entrejambe contre la mienne. Puis il prit ma main dans la sienne et m'emporta hors de la piste de danse et vers la sortie.

Il sortit du vestiaire habillé d'un pantalon de sport noir, d'un sweat à capuche et d'un masque en tissu. Je compris, en soulevant legerement sa capuche et glissant mes mains à certains endroits, que tout cela ne servait qu'à cacher les accessoires de cuir qu'il portait encore. Il pouvait marcher tranquillement dans la rue, cerné de cuir sans que cela se voit. Ce qui me plaisait beaucoup. Malgré la disparition de la musique et des autres bruits, ni lui ni moi ne parlâmes. Au moment de quitter l'établissement, il glissa ses mains dans la poche ventrale de son sweat. Voyant cela, je l'arrêtai d'une main sur son épaule. De l'autre, je sortis une paire de menottes de ma poche et la fit balancer devant ses yeux. Encore une fois, son regard pétilla. Il me tendit ses poignets. Je menottai un poignet, fit glisser l'ensemble par la poche et menottai l'autre poignet. Ses mains étaient à nouveau dans la poche, mais coincées là. À nouveau, je posai mes lèvres à l'endroit où se cachaient les siennes. Puis, ma main sur le bas de son dos, je le guidai dehors.

Sur le trottoir, il fit un signe de tête dans une direction et commença à marcher. Je le rattrapai et le pressai contre moi d'une main posée sur sa hanche. Nous fîmes le court trajet tranquillement. Les rues étaient calmes, la température agréable. Il me guidait de son corps, me poussant ou me tirant d'un coté ou de l'autre en fonction du parcours. Enfin, il s'arrêta devant un immeuble. Il sortit une main de sa poche, tirant sur l'autre et la pointa vers moi. Je compris qu'il ne voulait pas me faire entrer sans être libre de ses mouvements. Bonne réaction. Je repris les menottes et les rangeai pendant qu'il ouvrait la porte.

À peine entré dans son appartement, il retira ses vêtements et ses chaussures. Je retrouvai en face de moi la bombe sexuelle sanglée de cuir que j'avais allumé plus tôt sur la piste de danse. D'un geste, il désigna un canapé. Pendant que je m'y dirigeais, il toucha quelques appareils, permettant à une douce musique d'envahir son appartement. Musique électronique moderne, mais peu agressive dans sa forme et surtout d'un volume assez bas pour ne pas faire mal, assez haut pour être entendue. Il vint vers moi en dansant. Arrivé à mon niveau, il m'enjamba et se déhancha au dessus de mon entrejambe, montant et descendant, ondulant, contractant ses muscles. Mes mains vinrent se poser sur sa peau, caressant, touchant, malaxant ses muscles. De temps en temps, en alternance avec ses mouvements de danse, il enlevait un de mes vêtements. Lorsque je fus complètement nu, il finit par s'asseoir sur moi, posant ses fesses sur mon entrejambe, signalant à ma verge durcie la possibilité de s'insérer. Mais pas tout de suite. D'abord, il prit ma tête dans ses mains et nous échangeâmes un long "baiser". Je fis un mouvement de bassin vers le haut pour lui faire comprendre qu'il s'agissait de passer aux choses sérieuses.

Il se leva et me prit par la main pour me mener jusqu'à sa chambre. Il ouvrit un tiroir de sa table de chevet. Pendant que j'observais la réserve de préservatifs et de lubrifiant qui s'y trouvait, il se mit à genoux sur son lit dos à moi. Puis, la tête tournée vers moi, il fit glisser la fermeture éclair cachée par la couture de son short, dévoilant la raie que j'attendais depuis quelques heures, voire quelques mois. L'ouverture était assez grande pour donner un accès libre. Je poussai d'un coup sur ses omoplates pour qu'il se penche. Ecartant ses fesses, je me penchai et pressai mon nez dans la raie. Une odeur délicieuse m'accueillit : rien que sa sueur personnelle avec une pointe de cuir. Je pris plusieurs inspirations pendant que mes mains le caressaient. Puis ma langue se mit à l'ouvrage, tout d'abord passant de bas en haut, puis se focalisant sur le bouton important. Il me fallut quelques instants, mais je finis par ouvrir ce dernier et y faire rentrer ma langue. J'entendis un premier gémissement et je sus que nous partions sur de bonnes bases. Je continuai à le faire gémir, en retirant un double plaisir : celui physique de ma langue dans son cul et celui plus mental de savoir que j'étais la cause de ses gémissements. Quand j'eus considéré l'avoir assez ouvert, je m'équipai d'un préservatif et d'un peu de gel. Puis je m'insérai dans le trou devant moi.

Un pur bonheur ! Pendant un instant, je ne pensais à rien, profitant juste de la sensation de son cul chaud et serré autour de ma bite. Je m'avançai lentement mais surement, jusqu'à la racine. Au contact entre mon bas-ventre et ses fesses, nous gémîmes tous les deux. Le tenant par ses hanches, j'entamai un va-et-vient tranquille, cherchant la position la plus plaisante pour nous deux. Quand je l'eus trouvée, j'attrapai le harnais et amplifiai mes mouvements, en vitesse et en profondeur. Je me sentais monter, mais je voulais faire durer le plaisir. Je me calmai un peu. Je pris le temps de laisser mon gland à l'ouverture de son cul, frottant ma couronne à cet endroit. J'en retirai du plaisir et, à l'entendre, lui aussi. Puis je me renfonçai jusqu'au fond. Bien calé, je tirai sur le harnais pour que mon charmant partenaire se redresse. Ainsi j'eus un meilleur accès à son cou, son visage, ses pectoraux. Je posai mes lèvres à plusieurs endroits, y compris sur sa muselière. La position n'était pas la meilleure pour un baiser, mais comme je ne pouvais pas toucher sa bouche directement, ça ne changeait pas grand chose. Je posai une main sur chacun de ses pectoraux et mit quelques coups de plus, allant au plus profond possible. Ses gémissements de plaisir furent ma récompense. Une de mes récompenses. L'autre étant mon propre plaisir. Mais, aussi plaisant que fut ce moment, j'avais envie de changer. Je me retirai donc du cul qui m'accueillait.

Mon partenaire tourna sa tête et son torse vers moi avec surprise. J'en profitai pour prendre sa tête entre mes mains et déposer avec force mes lèvres sur sa muselière. Puis je le fis tomber sur son lit sur le dos, face à moi. Quand j'attrapai ses chevilles pour les lever, il comprit et son regard pétilla à nouveau. Il recula vers le haut du lit, me laissant la place d'y monter. Il passa ses mains sous ses cuisses, les relevant pour me laisser l'accès. Je secouai la tête, posai ses mains sur mes propres pectoraux et relevai les jambes moi-même. Les posant sur mes épaules, j'utilisai mes mains pour me guider vers son cul … et y entrai à nouveau. Je retrouvai la chaleur et l'étroitesse qui me donnaient du plaisir. Ses chevilles dans mes mains, je fis quelques va-et-vient tranquilles, changeant de direction et d'angle à chaque fois. Lorsque je le sentis sursauter, je m'arrêtai. Un petit coup identique donna le même résultat. Je souris largement et entamai de nouveaux mouvements plus amples, mais dans la même direction. À chaque fois, je passai l'endroit que j'avais repéré et qui lui faisait tant d'effet. Ses yeux roulaient à chaque pression. Son plaisir montait et le mien aussi. Je fis une pause, enfoncé bien profond et me penchai vers lui. Encore une fois, nous échangeâmes un baiser coupé de cuir. Cette fois, ce fut lui qui signala la reprise via un mouvement de bassin. Je repris mes va-et-vient et j'accélérai le rythme. Les frottement sur nos zones respectives se firent plus intenses. Jusqu'à atteindre le point de non-retour. Pour lui en premier. Il se mit à gémir plus fort et ferma les yeux. Ses mains agrippaient la couette. Je sentis son corps trembler. Ce qui déclencha mon propre orgasme. Je m'étais enfoncé au plus profond de lui juste avant et nous sentîmes tous les deux ma bite tressaillir dans son cul. Nos gémissements se mêlèrent l'un à l'autre. Je baissai la tete, mais restai en position le temps de reprendre un peu mon souffle. Enfin, je me retirai délicatement. Je laissai ses jambes glisser de mes épaules et m'affalai sur le lit. Puis je le pris dans mes bras et le serrai contre moi, sa tête sur le haut de mon torse. Il me regarda avec surprise mais ne protesta d'aucune manière.

Au bout de quelques instants, je sentis que j'allais m'endormir si je ne bougeais pas. Aussi agréable que ce pouvait être, je ne voulais pas aller dans cette direction. Je me levai donc. Je me débarrassai du préservatif, faisant attention de ne rien laisser couler. Il me guida vers sa salle de bain, d'une propreté impeccable, où je me rafraichis rapidement avant d'aller me rhabiller.

Il m'embrassa une dernière fois avant de m'accompagner vers la sortie. Je m'arrêtai d'un coup sec devant la porte.

Scotché au dos de la porte, dernière vision avant d'affronter le monde extérieur, impossible à rater à chaque sortie, un poster grand format. Avec cette phrase en grandes lettres noires :

"Si tu n'es pas en colère, c'est que tu ne fais pas assez attention à ce qui se passe."



Le texte ci-dessus m'a été inspiré par les manifestations qui ont eu lieu en France pendant le premier trimestre 2023 et par la photo ci-dessous, que je vois passer sur internet depuis plusieurs années.

photo en noir et blanc de la tete d'un jeune homme. Le visage est vu de son profil gauche. L'homme porte une muselière en cuir couvrant le bas de son visage. Les sangles autour de sa tete et de son cou sont verrouillées par des cadenas. Une chaine cadenassée à son collier sert de laisse.

Image stylisée d'une silhoutte humaine attachée dans une cage. L'humain est couché sur le ventre, poignets et chevilles reliés par une corde dans son dos. Il porte un bandeau sur les yeux. La cage est complétée d'une grosse serrure.